Introduction
Qui n’a pas entendu parler de Baden-Powell ?
Un anglais, militaire de surcroît, a une intuition géniale: et si on faisait simplement confiance aux adolescents? Et si on leur donnait le goût de l’aventure, du dépassement de soi, de l’intérêt et de la vie en commun? Après une expérience de camp d’été sur l’île de Brownsea (Grande-Bretagne) en juillet 1907 avec 24 jeunes, il écrit de petits livrets qui seront regroupés l’année suivante sous forme d’un livre « Scouting for Boys ». Ce livre, « Eclaireurs », en français, se diffuse partout dans le monde et, spontanément, des jeunes se réunissent pour commencer cette aventure. C’est ainsi qu’en 1909, des scouts apparaissent en Belgique et se structurent en association l’année suivante.
Le scoutisme pluraliste est né en 1910, nous nous appelions alors les « Boys-Scouts de Belgique – B.S.B. ». Neuf ans plus tard naissaient les « Girls-Guides de Belgique – G.G.B. », également pluralistes. (C’est en 1919 que fut créée la Troupe du Hibou Rouge. Celle-ci fut agréée en juin 1920, sous le matricule 66 de l’association des B.S.B.) Les deux associations « Boys-Scouts de Belgique – B.S.B. » et les « Girls-Guides de Belgique – G.G.B. », également se sont unies en 1945 pour créer le BSB-GGB, mixte et bilingue. En 1966, réforme de l’Etat oblige, les BSB-GCB donnaient naissance à deux fédérations, l’une néerlandophone, la Federatie voor Open Scoutisme (La F.O.S.), l’autre francophone, la Fédération des Eclaireuses et Eclaireurs (La F.E.E.) En 1992, afin de mieux affirmer son identité, la Fédération des Eclaireuses et Eclaireurs change de nom et devient les Scouts et guides Pluralistes de Belgique (S.G.P.)
Il y a plus de 25 millions de scouts dans le monde, jeunes et adultes, garçons et filles, dans 216 pays et territoires. Quelque 300 millions de personnes, comprenant des personnalités de tous domaines, ont été scouts. il l’est aujourd’hui – le plus grand Mouvement de jeunes bénévoles du monde.
68ème BSB
C’est en pleine guerre que naquit cette unité.
Alors que les nazis avaient ordonné la dissolution de tous les mouvements de jeunes, paradoxe, la 66e prend de l’ampleur.
Des routiers du Clan des Nûtons renforcent les cadres de la meute et de la troupe pour faire face à l’augmentation des effectifs. Les activités se poursuivent au nez et à la barbe de l’occupant.
Si le camping est interdit, les scouts trouvent le gîte dans des maisons privées ou dans des granges.
Que de rendezvous clandestins où chacun se rendait l’uniforme roulé sous le bras !
Devant l’afflux des affectifs, la 66e se dédouble, et le 26 avril 1942, sa petite soeur, la 68e prend son essor. Raoul Huberty et Boby Nahrath mettent sur pieds les patrouilles de la nouvelle troupe de l’Epervier Tenace, les Sangliers, Hérissons et Ramiers.
Par la suite d’autres aînés de la 66e prennent le relais pour encadrer la 68e troupe, ainsi que-la meute de la Fleur Rouge, créée à son tour. On se souvient de Gilbert Kinoo, Lulu Tordoir, Delphe Vandercammen, Roland Gerard, Adrien Mannerie, en fonction jusqu’à la fin de l’occupation allemande.
Dès la libération les activités redémarrent à ciel ouvert.
De nouvelles générations de chefs prennent la relève, Albert Vanbever, Emile Toebosch, Madeleine Ranbotijn, Germaine et Raymonde Warnier, Edouard Klein, Marie-Jeanne Van Nuys etc.
Notons en passant, en 1946 un grand camp de la troupe dans le Jura (CT.Vanbever), un grand camp en Belgique conjointement avec une troupe de Genève en 1948 (CT. Didier Froment – CT. suisse Jean Pierre Paunier) et la victoire de la patrouille des Hérissons (CP. Pierre Volkaerts) au D.E. régional de 1951.
En 1952, les comités de parents et les Anciens des deux unités érigent des locaux en dur avenue Cambier. Mais les effectifs s’amenuisent, phénomène généralisé à toutes les associations scoutes. Vingt ans plus tard, la 66e résorbe la 68e, poursuivant gaillardement sa route jusqu’à nos jours.
Mais, juste retour des choses, Raymonde Warnier, ex CM 68e, devint C.U. de la 66e.
Alors tu comprends pourquoi, notre Amicale regroupe si bien dans une même communauté d’esprit, les Anciens de ces deux vénérables unités, 66 et 68.
Souvenirs du scoutisme sous l’occupation
Deux amis, Crahay et Mornard, routiers à la 66e B.S.B, cantonnaient, en ce début d’été 1944, au domaine B. SB deTourneppe. Crahay, souffrant d’ une déformation des pieds, boitait et se déplaçait difficilement.
Un matin, la Feldpolizei débarque au domaine, perquisitionne dans les chalets et y découvre quelques fusils de chasse. Nos deux amis, qui n’étaient absolument pas concernés par ces armes, sont immédiatement arrêtés et emprisonnés à Bruxelles.
En août 44, en fonction de l’avance des armées alliées, nos deux routiers sont embarqués dans les wagons à bestiaux d’un des derniers convois de prisonniers évacués vers l’Allemagne.
Suite aux bombardements anglo-américains, le convoi, est fréquemment stoppé et se trouve ainsi immobilisé durant un certain temps dans la campagne hollandaise. Les compagnons de voyage de nos amis étant parvenus à desceller une partie du plancher de leur wagon, profitent de cet arrêt pour s’évader.
L’ami Crahay, suite à son handicap, ne pouvant s’échapper, Mornard décide de rester auprès de son compagnon et de partager son sort. Lorsque, à la fin de l’alerte, les allemands découvrent que la majorité des prisonniers a disparu, ils s’emparent de nos deux amis et les abattent froidement sur place.
La 66e B.S.B a payé un lourd tribut à la guerre. Max Goudschmid, ancien C.T. est assassiné par la gestapo en 1943; Véga est fusille en 1942 à l’âge de 17 ans pour faits de résistance, tandis que Posnansky, qui s’était présenté à la gestapo en espérant obtenir ainsi la libération de sa mère, meurt tout comme elle dans une chambre a gaz.
Si les anciens de la 66e B.S.B du temps de guerre, réunis depuis 45 ans au sein de l’ARA-QUI-RIT leur amicale, sont particulièrement sensibles au sentiment de solidarité, les circonstances dans lesquelles ils ont vécu leur scoutisme n’y sont certainement pas étrangères.
Jean Vanbergen